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Stade Lavallois Museum

Site consacré à l'histoire de l'équipe de football du Stade Lavallois et aux valeurs portées par les joueurs au maillot tango.

Adieu Monsieur le Maire

Photo issue du livre de Michel Jouneaux : le Stade Lavallois une histoire ( siloë)

Photo issue du livre de Michel Jouneaux : le Stade Lavallois une histoire ( siloë)

Le stade lavallois museum se devait de rendre hommage à André Pinçon, ancien maire de Laval décédé le 4 juillet 2019 à Ernée à l’âge de 88 ans.

Il représentait en effet pour beaucoup de Lavallois, le Laval des années 70-80 , celui d’une ville marquée profondément par le football mais aussi par une certaine insouciante et une modernité nouvelle , identifiable par des constructions emblématiques comme la salle polyvalentes ( dont il serait légitime d’y adosser son nom et de réfléchir à un avenir plus brillant que celui qui semble se profiler pour elle ) , la bibliothèque municipale ou le quartier du Bourny . Ce quartier qui a permis à nombre de lavallois de la petite classe moyenne d’accéder à la propriété , quittant ainsi les HLM, modèle dominant du début des années 1970 et de découvrir les joies d’un jardin et des noms de rue rappelant les grandes heures du socialisme (Jules Guesde, Pierre-Joseph Proudhon, Salvador Alliende ou Léon Blum) . Un maire bâtisseur comme les lavallois les affectionnent dans la lignée d’un Francis Le Basser, non pas uniquement au profit de quelques promoteurs immobiliers ou de groupes gestionnaires de parking mais avant tout pour la communauté et le rayonnement de sa ville.

Dans l’histoire du stade lavallois , il tient aussi une place importante souvent trop rapidement résumée à son opposition en 1976 au passage du club dans le monde professionnel , «  cette folle mais inévitable décision » comme le titrait Ouest France .Il déclarait en effet «  je suis content du succès du Stade Lavallois , mais pour moi , le professionnalisme , avec ses transferts , l’argent qu’il déploie, n’est pas une bonne chose . J’aurais souhaité que dans leur refus les dirigeants du stade lavallois expliquent tout cet aspect guère moral du professionnalisme ». Il convient toujours de rappeler que cette méfiance à l’époque envers le football professionnel et son corollaire l’argent était largement partagée par les notables de droite et de gauche à Laval. Elle s’explique d’une part par la méfiance quasi ancestrale des élites mayennais vis à vis de « l’argent qui se voit et dont on parle » et d’autre part par ce qui fut longtemps l’ADN des politiques locaux jusqu’à la fin du 20 éme siècle  entre  catholicisme sociale et sociale démocratie, loin du libéralisme financier qu’inspire le football.

Cette opposition chez André Pinçon, tenait aussi certainement à son métier expert-comptable qui ne pouvaient que le rendre lucide sur un football professionnel des années 80 largement sous perfusion des collectivités territoriales qui chaque année votaient à tour de bras, pour de plus en plus de clubs, des subventions de fonctionnement afin d’équilibrer les comptes en fin de saison .La suite ne lui donnera pas tort, quand se multiplieront quelques années plus tard les dépôts de bilan et les scandales financiers de certains clubs .

Toutefois avec le recul nécessaire des années , cette bataille entre un président ambitieux Henri Bisson et un maire sage , attaché aux deniers publics, André Pinçon qui déclarait que «  la sagesse serait de rester en deuxième division  » obligea le stade lavallois à développer un modèle économique totalement atypique pour l’époque dans le football français, qui lui permis de se maintenir pendant longtemps au plus haut niveau : un centre de formation. Il convient aussi de rappeler que ce centre de formation fut financé grâce à une garantie d’emprunt de la mairie de 1200 000 F sur 20 ans…au taux de 10.25% …

Le décès d’Andrée Pinçon nous replonge inévitablement dans ces années d’insouciance, de fierté collective et de combats des idées où chacun sur la place lavalloise savait tenir son rôle et cherchait avant tout à défendre l’intérêt général.

Nous présentant nos condoléances à sa famille et à ses proches.

Adieux Monsieur le Maire.

Laurent VILLEBRUN

Photo issue du livre de Michel Jouneaux : le Stade Lavallois une histoire ( siloë)

Photo issue du livre de Michel Jouneaux : le Stade Lavallois une histoire ( siloë)

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